Livre concept du continuum Jean Liedloff

Pourquoi faut-il arrêter de lire « Le concept du continuum » de Jean Liedloff ?

Table des matières

Références de l’ouvrage

LIEDLOFF Jean, 2012 (1975), Le concept du continuum, A la recherche du bonheur perdu, France, Editions Ambre

Résumé

Jean Liedloff est partie au Venezuela à la recherche de diamants. Elle y a rencontré des sociétés locales, les Yecuana et les Sanema. Elle reste parmi ces sociétés plus de 2 ans et dans son essai, elle en déduit les relations entre type de maternage et taux de bonheur.

Introduction

Le Concept du continuum et ses préceptes occupent depuis de nombreuses années une place privilégiée dans le monde du maternage dit proximal. Formée pour la première fois au portage en 2014, ce livre faisait partie de mes lectures obligatoires. Il est toujours recommandé dans de nombreuses formations au portage à ce jour.

Jean Liedloff a-t-elle accompli un travail qui pourrait s’apparenter à de l’ethnographie – recueil de données sur une société – et à de l’ethnologie – analyse de ces données – ?

Il n’en est rien ! Son ouvrage révèle son cruel manque d’éducation sur plusieurs points. Il me semble nécessaire de vous proposer une analyse avec de nombreuses citations pour montrer que chaque idée mise en avant par l’autrice n’est pas un acte isolé.

Bibliographie et sources

En premier lieu, son ouvrage de 222 pages ne présente aucune bibliographie, malgré de nombreuses études, ouvrages, personnes, évènements cités régulièrement dans son livre. Parfois, une note de bas de page indiquera des références. La plupart du temps, aucune source n’est mentionnée.

Évolutionnisme, racisme

Elle corrobore des visions évolutionnistes des sociétés humaines, théories déjà largement désuètes dans les cercles universitaires en 1975. En effet, l’évolution de chaque société est unique et ne suit pas des stades pré-définis. Liedloff utilise ainsi des termes racistes pour qualifier les sociétés « civilisées » d’une part, et « sauvages » d’autre part, termes bien entendus déjà absents des milieux universitaires sociologiques et anthropologiques en 1975.

« Les familles […] menaient la vie d’une espèce dans son milieu naturel […] J’avais rarement l’impression qu’ils appartenaient à la même espèce que nous » (p.28)

« Les quelques milliers d’années qui ont vu l’homme dévier de son continuum et aboutir à la civilisation n’ont pas leur place dans l’histoire de l’évolution » (p.91-92). 

Le mythe du bon sauvage a toute sa place :

« Ils semblaient vivre une relation paisible et respectueuse, rarement rencontrée au sein de la population britannique » (p.12)

« Familles vivants en harmonie » (p.16)

« Je n’avais jamais vu d’humains plus heureux » (p.28)

« Absence totale de tristesse » (p.34)

« Toujours dans la bonne humeur » (p.35)

« Ils économisaient leurs forces en ne les utilisant qu’à leur tâche et non à des pensées négatives » (p.39).

L’autrice met ainsi en avant tous les points positifs de la vie dans cette société mais elle a tendance à nier leurs difficultés. En effet, elle ne partage pas son outil de mesure de bien-être de ces sociétés dites « sauvages », et valide leur style de vie en omettant les conséquences des épidémies et des nombreuses morts :

« Le degré élevé de bien-être de mes amis sauvages par rapport à celui des hommes civilisés. […] malgré une épidémie qui avait réduit fortement leur nombre, [les Sanemas] étaient toujours aussi fidèles à leur ancienne et concluante manière de vivre » (p.41).

Nature VS culture, essentialisation des femmes

Elle analyse de manière maladroite le fameux marronnier « Nature VS Culture »¹ et a visiblement peu compris la subtilité et la complexité de ces notions. Elle se veut défenseuse de la cause de l’inné – nature – qui nous lierait à notre continuum a contrario de l’intellect – culture – qui nous couperait de notre bonheur.

« La logique naturelle interdit de croire en l’évolution d’une espèce qui égare des parents par millions. » (p.15)

« Notre connaissance instinctive de ce qui est bon pour l’homme est court-circuitée par des doutes ; alors que l’intellect, qui n’a jamais saisi grand-chose de nos besoins réels, dirige notre comportement. » (p.44)

« L’intellect a pris le dessus en décidant ce qui est bénéfique et revendique la suprématie de ses caprices et de ses opinions » (p.47)

« Plus une culture compte sur l’intellect pour déterminer ses règles et son fonctionnement, plus il y a de contraintes pesant sur l’individu pour la conserver » (p.51)

« Nous avons offensé notre instinct d’une façon si capricieuse qu’aujourd’hui nous n’en avons plus aucun souvenir » (p.64)

« La culture, une fois apprise, est profondément ancrée dans la nature même de l’individu » (p.70)

« Nous laissant aux mains ignorantes et dangereuses de l’intellect » (p.115)

Agissant ainsi, elle est incapable d’analyser l’hétéronormativité et la division sexuée du travail comme inhérent de la culture des sociétés :

« « Correct » désigne tout ce qui est approprié au continuum ancien de notre espèce dans la mesure où cela respecte les tendances et attentes apparues au cours de notre évolution. […] les poils du nez, attente de la poussière ; […] le sexe, attente du sexe opposé » (p.46)

« Prenons une situation très simple du monde civilisé : une mère pourrait très bien accomplir les tâches ménagères en compagnie de sa petite fille libre de pouvoir balayer » (p.128)

« La conversation est fort limitée entre garçons et filles dont les vies et les centre d’intérêts sont très différents » (p.152)

« Les femmes et les filles se rendent en groupe dans les jardins, se retrouvent pour préparer le manioc, aller chercher de l’eau et du bois. De nouveau en groupe, les garçons décochent des flèches, se servent de leurs sarbacanes, jouent, nagent, explorent et ramènent de la nourriture » (p.155)

En ce sens, son essai est une apologie à l’essentialisation de la femme, reléguée à son rôle de mère :

« Si elle choisit de ne pas porter son enfant, la maman se prive elle-même d’une précieuse partie de l’expérience qu’elle peut attendre de la vie » (p.66)

« Sa maman s’occupe de lui simplement parce qu’il existe […] le père se charge d’approuver ses performances […] en tant que représentant de la société » (p.124)

« Désir maternel des fillettes » (p.132)

« Si on lui en laisse l’occasion, une fillette, même très petite, s’occupera instinctivement d’un bébé comme la nature l’a toujours voulu » (p.133)

« Il faut choisir : les mères pourraient, si elles se rendaient compte de l’importance de leur présence pendant la première année, suspendre leur emploi » (p.218).

Elle cite même des travaux de J. Bowlby mais en transposant le terme permanent mother-substitute de Bowlby en « mère » : « enfants privés de leur mère » (p.110), omettant l’importance d’une figure d’attachement autre que la mère biologique dans la vie de l’enfant.

Maternage des sociétés dites « civilisées »

Le lexique de la cruauté et de la torture est omniprésent pour qualifier le mode de maternage des sociétés dites « civilisées » et ses conséquences sur les enfants :

« Laissé dans son berceau […] l’aspect le plus cruel de son supplice » (p.56)

« La résignation, conséquence d’un désespoir extrême » (p.57)

« Ses conditions de vie sont intolérables […] pleurer trop longtemps […] désolation extrême […] abandonné, sorti de son continuum » (p.59)

« Un enfant qui a connu l’harmonie de la phase dans les bras ne demandera aucune autre attention que l’assouvissement de ses besoins physiques. Contrairement aux bébés civilisés, il ne lui sera pas nécessaire en effet d’être rassuré sans cesse pour affirmer son existence ou l’amour des autres pour lui. » (p.128)

« Son désir chroniquement insatisfait d’être accepté par sa mère peut renforcer, jusqu’à l’autodestruction » (p.131)

« Il souffrirait d’être laissé seul dans sa chambre » (p.218).

Avec une emphase lors de la description de la vie d’un bébé dit « civilisé » pendant plus de 8 pages d’affilée :

« Désespoir dans son cœur. Personne ne vient. […] Il ne peut plus supporter cette souffrance. […] Désespéré, il hurle sa misère […] vide insupportable […] degré de désorientation […] Il ne connaîtra probablement plus jamais le sentiment de bien-être […] Au réveil, il est en enfer […] Il hurle. Ses poumons épuisés […] Il hurle jusqu’à ce que douleur et pleurent l’épuisent […] [sa mère] ferme la porte. Elle lui a déclaré la guerre. […] Les cris du bébé cèdent la place à des vagissements tremblotants. […] les ballotements du landau, qui lui procurent médiocrement une petite expérience. […] Les jouets consolent les bébés accablés de douleur […] les mouvements [des landaus] sont un substitut si monotone et si maladroit des bras d’une mère (p.96 à 103).

Par ces procédés, le lecteur peut-il avoir d’autres choix que d’entrer en empathie avec la souffrance de ces bébés et culpabiliser de ses éventuels manquements ?

« Privés des expériences essentielles », chapitre de 34 pages, est encore dédié à ce thème et démontre toutes les conséquences terribles de ce maternage privé de continuum (p.157) :

« La haine de soi […] le manque de confiance en soi […] recherche de formes de substitutions […] sentiment de mal-être […] L’individu civilisé se sent décentré […] vague sentiment de perte […] incapables de s’engager […] notre quête de nouveautés […] Le désir continu d’expériences manquées de la phase dans les bras nous conduit à certains comportements très étranges […] L’attrait d’être bousculé et apeuré » (p.157 à 166)

Dans ce chapitre, l’autrice énumère également des types de personnalité selon elle problématiques voire pathologiques causés par cette privation :

« Syndrome du Casanova […] tente de se prouver qu’il peut être aimé par ses nombreuses conquêtes » (p.167)

« Gigolos et maîtresses professionnelles » nous montre sa vision des travailleurs du sexe (p.168)

« Syndrome du lourdaud » ou ce qu’on appellerait aujourd’hui un incel (p.168)

« Martyr […] souffrance qui devra être récompensée » (p.169)

« L’acteur […] l’exhibitionnisme pathologique et le narcissisme » (p.169-170)

« L’universitaire […] Cette institution est plus imposante et plus stable que lui » (p.170)

« Le conquistador aventurier […] accomplissement unique » (p.170)

« Le voyageur invétéré […] la promesse de la place adéquat » (p.171)

Ce chapitre lui donne aussi l’occasion de proposer sa vision sur la toxicomanie et la dépendance : le « manque de la phase dans les bras » en serait la cause principale, « la recherche parviendra peut-être à le confirmer » (p.177). Par ce procédé, veut-elle se sentir pionnière en recherche scientifique et experte dans ce domaine particulier ? Quelques pages plus tard, elle fait le lien entre utilisation de méthadone et faiblesse en faisant l’apologie d’une personne qui s’était sevrée sans ce traitement de substitution (p.180) !

Elle analyse à sa manière les causes des dépressions du post-partum jusqu’à estimer le potentiel des louves à être de meilleures mères que des humaines couchées dans un lit séparé de leur bébé :

« Quand, tout à coup, l’hôpital moderne, après des heures ou même seulement des minutes, rend le nouveau-né à sa mère, elle se culpabilise d’être incapable de « cajoler » ou « d’aimer son bébé à la folie » et souffre d’une tragédie civilisée classique appelée « dépression du post-partum normale »… juste quand la nature l’avait au mieux préparée à un des évènements émotionnels les plus profonds et les plus influents de sa vie.

Une louve fidèle au continuum des loups serait pour un bébé humain de ce stade une mère plus adéquate que la mère biologique du bébé, qui est alitée à une mère de celui-ci » (p.95)

Rappelons que la dépression du post-partum n’est pas « normale » et qu’il existe un réel enjeu à accompagner les femmes dans cette période de vulnérabilité².

L’autrice se permet aussi de réfuter une des seules études qu’elle cite qui conclut que l’instinct maternel³ est un mythe (p.172).

Croyances new-age

Ses croyances new-age sont aussi très largement présentes avec parfois leur lot de culpabilisation et de responsabilisation des malades face à leur maladie :

« J’avais découvert le fondement oublié des choses de la vie, la clé de la vérité […] et je devais m’en tenir à cette évidence » (p.23)

« Individus dont les mécanismes de programmation ont été endommagés […] et qui sont devenus extralucides. […] certains sont capables de sentir la présence d’eau ou de métal sous le sol. D’autres voient des auras » (p.74)

« La prémonition » (p.74)

« Succomber à la maladie lorsqu’il y a un besoin émotionnel d’être « cajolé comme un bébé » par une « mère » potentielle. […] certains êtres humains se complaisent dans un état de santé pitoyable (ils sont particulièrement enclins aux accidents). […] l’exemple le plus extrême de la maladie pour atteindre un état stable, est celui d’une femme rongée par une culpabilité insupportable » (p.78)

« Il n’est pas surprenant que nos bébés, stressés comme ils le sont soient chroniquement malades. Leur tension, leurs coups de pied, leurs cris et le fait qu’ils se cambrent et se tortillent, révèlent un mal-être constant et profond » (p.90)

« Méditation » (p.185)

« Le champ énergétique d’un enfant porté constamment ne fait qu’un avec celui de sa mère » (p.209).

Sa vision de la sexualité et de ses dérives possibles provient d’une « énergie non exprimée » (p.210) :

« [L’enfant] découvre probablement que cet excédent inconfortable [d’énergie non exprimée] est concentrée en grande partie dans ses organes génitaux. […] Ainsi, la masturbation devient un clapet de sécurité pour l’énergie excédentaire non consommée. […]

A l’âge adulte […], l’acte sexuel a donc deux objectifs : la reproduction et la restauration d’un niveau confortable d’énergie » (p.210-211).

Le lexique de l’illumination abonde également :

« Pouvoir d’harmonie […] sentiment de gratitude […] sentiment de salut […] j’avais l’intuition de suivre le bon chemin […] je fus submergée par la force d’une soudaine révélation […] j’avais obtenu une claire vision des choses […]. C’était la « vérité » […] la vérité de la jungle […] l’harmonie […] quête » (p.24 à 33).

Elle met en lien abréaction et vécu in utero :

« L’abréaction qui me fit me tortiller en position de fœtus, produire des sons et exprimer des émotions que j’ai reconnues comme celles de ma période in utero » (p.17).

Évidemment, new-age, racisme et arguments non sourcés se lient facilement :

« Les orientaux […] partent avec un quotient de sérénité bien plus grand. Lorsqu’ils adoptent une de leurs méthodes de discipline spirituelle – zen, yoga, méditation transcendantale ou autre – ils ont bien moins de chemin à parcourir avant de pouvoir commencer à reconquérir cette sérénité perdue lors de la chute de l’espèce humaine dans l’innocence animale » (p.186).

On retrouve aussi certains relents psychanalytiques, puisqu’on le sait bien, la mère est la cause de tous les problèmes (non ! et tiens, ils sont où les pères ?!) :

« Une mère inadéquate, une mère dont le continuum ne fonctionne pas […] Plus tard […] il peut se rebeller, prendre son indépendance » (p.109)

« L’indépendance et la maturation émotionnelle trouvent principalement leur origine dans la relation dans les bras » (p.110)

« Frustré, ce désir se transformera en complexe d’Œdipe ou d’Électre, lui donnant envie de relations sexuelles avec le parent du sexe opposé » (p.215).

Pour approfondir tous ces thèmes, je vous invite à écouter les podcasts et consulter le site d’Elisabeth Feytit.

Arguments fallacieux et biais cognitifs

Elle fait usage de nombreux arguments fallacieux et de biais cognitifs – des arguments extraordinaires sans sources, des biais de confirmation, des témoignages personnels érigés comme preuve, un cas individuel devient une généralité, des illusions de corrélation, des biais de croyance, des illusions de savoir, des effets de vérité illusoire, des effets de halo, la croyance en un monde juste, des arguments d’autorité, des neuromythes, du cherry picking -. Elle mélange des résultats d’études à ses convictions : il est parfois difficile de savoir si elle parle des études ou donne son avis. Je vous propose un petit florilège de citations, à vous de trouver le bon argument fallacieux !

« Mark – son mari médecin – et elle-même étaient convaincus du bien-fondé de mes idées parce qu’elles correspondaient à ce qu’ils ressentaient » (p.5)

« Il est rassurant de constater que la plupart des dégâts causés en quatre ans peuvent être réparés en seulement trois mois. Je fus donc très motivée par cette expérience qui me permit d’illustrer ma théorie lors de mes conférences ou dans mes lettres aux parents me confiant leur désarroi. » (p.9)

« Dans la décennie qui a suivi la première édition de ce livre, de nombreuses institutions et disciplines se sont en effet montrées ouvertes aux idées qu’il véhicule. Je pense particulièrement à l’obstétrique, à l’éducation, à la psychologie, aux institutions sociales et à la recherche croissante d’une éthique de vie » (p.19)

« L’instinct, cette partie du cerveau infiniment plus raffinée et mieux informée » (p.45)

« Comme tous les jeunes animaux, (le bébé) possède un véritable talent d’autoprotection et un sens réaliste de ses capacités » (p.120)

« Un bébé n’a aucune tendance suicidaire, mais possède en revanche toute une série de mécanismes de survie, allant de ses sens à une forme de télépathie […] C’est l’instinct qui veille à sa survie » (p.123)

« Les Yékwanas sont victimes de nombreux accidents. Cependant, par rapport à leurs contemporains civilisés, ils en ont incroyablement moins. » (p.147)

« [Une famille américaine] avai[t] donc installé une clôture autour de la piscine dont la barrière restait constamment fermée. […] Le petit comprit si bien ce qu’on attendait de lui qu’un jour, trouvant la barrière ouverte, il entra, tomba dans l’eau et se noya. » (p.147)

« Une mère a-t-elle le droit de négliger son enfant, de le frapper parce qu’il pleure, de le nourrir quand elle en a envie et non pas quand c’est lui qui réclame ? A-t-elle le droit de le laisser souffrir seul dans une chambre pendant des heures, des jours et des mois, alors que sa nature veut qu’il soit auprès d’elle ? » (p.221).

Elle évoque une « célèbre actrice blonde » ; on comprend très vite qu’il s’agit de Marylin Monroe. Elle analyse son vécu : « elle avait obtenu ce qu’elle voulait […] et se donna la mort » pour appuyer ses propos sur les conséquences d’un manque de continuum (p. 159). Ce faisant, Jean Liedloff nie toutes les oppressions que l’actrice a dû subir dans sa vie.

Se référant aux travaux de l’éthologue et anthropologue Jane Goodall, notre autrice valide ce qui va dans son sens « [Le] comportement [des chimpanzés], […] est plus proche du continuum humain que le comportement de l’homme moderne » (p.113). Jane Goodall qui a préféré mettre en place un type de maternage dit proximal avec son fils et a pu observer son développement en toute indépendance, affirme par la suite « mais bien entendu, il aurait pu l’être de toute façon, même si nous l’avions éduqué différemment » (p.113). Mais cette ouverture d’esprit de Jane Goodall est condamnée par notre autrice : « n’étant pas consciente des principes sous-jacents, elle délaisse à nouveau ce fragment de vérité » (p.113).

Vous reprendrez bien un petit peu de cherry picking ?

Conclusion

La présentation d’un terrain « d’étude » et l’appel à de nombreux arguments d’autorité pourraient laisser faussement penser au lecteur qu’il s’agit d’un ouvrage scientifique. Cet essai, présentant pourtant uniquement l’avis de son autrice est en fait un ramassis d’éléments non sourcés, de racisme, de croyances évolutionnistes, essentialistes et new age, le tout recouvert d’arguments fallacieux.

Il serait temps de le supprimer de nos bibliographies et de le mettre à l’honneur sous un tas de poussière au fond d’une étagère.

 

 


Notes et ressources : 

 

1. DESCOLA Philippe, 2015, Par-delà nature et culture, Gallimard
ZASK Joëlle, « Nature, donc culture. Remarques sur les liens de parenté entre l’anthropologie culturelle et la philosophie pragmatiste de John Dewey », Genèses, 2003/1 (no50), p. 111-125, https://www.cairn.info/revue-geneses-2003-1-page-111.htm, consulté le 7 février 2023

2. EPOPÉ – INSERM, 2020, Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles, https://www.xn--epop-inserm-ebb.fr/grandes-enquetes/enquete-nationale-confidentielle-sur-les-morts-maternelles, consulté le 7 février 2023

3. DORTIER Jean-François, « Y a-t-il un instinct maternel ? », https://www.cairn.info/magazine-sciences-humaines-2003-1-page-31.htm, consulté le 7 février 2023

4. Sourciers :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sourcier, consulté le 7 février 2023
https://skepticalinquirer.org/1999/01/testing-dowsing-the-failure-of-the-munich-experiments/, consulté le 7 février 2023
https://theierecosmique.com/2017/03/28/tests-de-radiesthesie-lechec-des-experiences-de-munich/, consulté le 7 février 2023

5. FEYTIT Elisabeth, Méta de choc, https://metadechoc.fr/podcasts/, consulté le 7 février 2023

6. Biais cognitifs, https://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_cognitif, consulté le 7 février 2023

7. Liste d’ethnologues selon leur terrain d’étude, https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27ethnologues, consulté le 7 février 2023